« Mettre en place un diagnostic structurel obligatoire serait une question de bon sens pour la sécurité de nos concitoyens »
Maider Arosteguy est maire de Biarritz depuis 2020. Elle est également depuis 2021 membre du comité directeur de l’Association des Maires de France en charge du logement et du tourisme durable et conseillère régionale Les Républicains de Nouvelle-Aquitaine.
Alors que plusieurs incidents ont été très médiatisés, au premier chef la chute d’un balcon à Angers (2016) dont le procès vient de se clore, mais également l’effondrement d’un immeuble à Marseille et du pont de Gênes (2018) - qui a donné lieu en France au rapport du Sénat « Sécurité des Ponts : Eviter un drame » du 26 juin 2019 -, de nombreux maires demandent de leur propre chef le ravalement régulier des façades et le contrôle des balcons des immeubles des rues passantes de leurs villes, afin de protéger leurs concitoyens. Pouvez-vous nous expliquer comment les maires et élus régionaux s’informent sur la fiabilité des constructions existantes et futures ?
Le Maire a la compétence de l’hygiène et de la salubrité mais il est bien souvent confronté à des problèmes d’ordre privé, notamment des copropriétés qui ne sont pas entretenues, ce qui peut provoquer des drames. Différents outils existent, notamment le programme de l’ANAH qui permet la requalification des immeubles. Cet outil doit en revanche être mieux alimenté, mieux connu et davantage développé au sein des collectivités en l’abondant financièrement et en élargissant les critères d’éligibilité notamment en matière de sécurité mais également de rénovation environnementale de l’immobilier.
Dans plusieurs pays européens, il existe un diagnostic structurel obligatoire des immeubles collectifs. Seriez-vous favorable, à l’instar du contrôle annuel pour les voitures, à une telle réglementation qui viserait en premier lieu les structures, notamment en béton, des bâtiments à usage principal d’habitation et construits il y a plus de 50 ans ?
Le drame de Marseille survenu en novembre 2018 a inspiré une nouvelle proposition de loi. Plusieurs députés du groupe des Républicains plaident pour la réalisation d’un diagnostic structurel obligatoire dans les immeubles collectifs âgés de plus de 50 ans. En effet, une proposition de loi a été renvoyée devant la commission des affaires économiques en avril 2019. Reste à savoir si le gouvernement donnera suite. Dans tous les cas, cette proposition de loi montre combien la lutte contre l’insalubrité est devenue un sujet ardent chez les parlementaires comme chez les élus locaux.
Ce diagnostic structurel réalisé par un diagnostiqueur immobilier s’imposerait d’abord aux immeubles collectifs (au moins trois lots principaux) construits avant 1920, puis dans un second temps à tous les immeubles de plus de 50 ans. Il devrait ensuite être renouvelé tous les quinze ans. Le propriétaire ou le syndic serait également tenu de le communiquer aux occupants ainsi qu’à la commune, sous peine de sanction.
C’est une question de bon sens pour la sécurité de nos concitoyens et pour la préservation de notre patrimoine.
Quel sens donnez-vous au mot durabilité dans le domaine de la construction ?
Aujourd’hui, il convient de privilégier la qualité à la quantité. Une construction durable et qui répond à des exigences environnementales permet aussi de diminuer les coûts énergétiques. Chaque région a ses spécificités climatiques et c’est à l’architecte du constructeur de les prendre en compte. Biarritz souhaite être exemplaire dans le futur quartier Aguilera où nous avons pour ambition d’intégrer le volet environnemental en préservant le bois du mont d’Orient, en s’orientant vers des espaces publics arborés et des constructions qui respectent les aspects environnementaux, durant la période du chantier et la construction du bâti proprement dite.
Le PLH de la CAPB, le plus grand PLUI de France, adopté en octobre dernier, met l’accent sur le « moins mais mieux ». Que cela signifie-t-il pour vous et pour votre ville ?
Le Pays basque a sa propre identité. L’architecture fait partie intégrante de cette identité. Même si nous avons une pénurie de logements, nous devons privilégier la rénovation. La construction neuve doit s’intégrer dans le paysage du Pays basque tant par son architecture que par la qualité environnementale de la construction. Aujourd’hui politiques comme constructeurs en sont conscients et doivent travailler en ce sens.
Quels défis faut-il selon vous relever dans le domaine de la construction ?
Les collectivités territoriales comme les régions, les départements et les villes sont les plus gros investisseurs portant des projets structurants. Il faut laisser aux collectivités territoriales les marges de manœuvre nécessaires à ces investissements en maîtrisant les dépenses de fonctionnement. Pour cela, le gouvernement doit faire confiance à ses élus locaux, notamment lors du vote de la loi de Finances.