Newsletter Octobre 2O21

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UN BILAN ET DES DÉFIS : INTERVIEW CROISÉ DE MICHEL FERRAN ET BERNARD CRETON

Question : «Vous avez annoncé lors du renouvellement de vos mandats respectifs de Trésorier et de Président de l’AFCAB en fin d’année 2020 qu’il s’agirait probablement de vos derniers mandats.
Étant les deux seuls membres de l’actuel Conseil d’administration de l’association à avoir assisté ou participé à sa création en 1990, quels regards portez-vous sur les trois décennies d’activité de l’AFCAB ?»

Réponse de Michel Ferran :

Premièrement, j’exprimerais un autosatisfecit car le pari de créer l'AFCAB a été réussi. Il n’était pas garanti que l’AFCAB deviendrait un organisme de certification reconnu pour le domaine de l’armature du béton, avec, à son actif, près de 600 certificats délivrés au cours de ses 30 années d’activité, dont environ 330 en vigueur à ce jour.

Dans un deuxième temps, je mettrais l’accent sur ce qui, depuis sa création, constitue le ciment et la force de cet organisme, à savoir sa collégialité ; celle-ci assure sa diversité et ainsi, un panel de compétences indispensables.

Je prendrais trois exemples pour illustrer cette collégialité :

  • La création de l’AFCAB a été le fruit d’une collaboration de plusieurs acteurs majeurs représentant les utilisateurs (EDF, SNCF, ministère en charge de l’équipement), les associations de producteurs d’aciers pour béton armé (ADETS, APAC, CSSF – actuelle FFA – et SN Torsid) et d’armatures (APA dont j’assurais la présidence) et l’équipe du L.C.P.C. (Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, devenu actuellement l’Université Gustave Eiffel) qui gérait la procédure d’homologation interministérielle des aciers pour béton armé.
  • Depuis sa création, l'AFCAB a systématiquement appliqué le principe de collégialité dans la composition de son Conseil d’administration et de ses comités particuliers de certification. Les règles de vote ne confèrent la majorité à aucun des trois collèges (producteurs, utilisateurs, organismes techniques concernés).
  • Les référentiels de certification sont élaborés, révisés et approuvés de manière collégiale ce qui en assure la pertinence et l’actualisation selon les meilleures connaissances et pratiques.

Réponse de Bernard Creton :

Ce que je voudrais mettre en avant, pour ma part, c’est la rigueur et la compétence de l’organisme, qualités qui se sont maintenues tout au long de ces années d’activité, malgré les changements intervenus, que ce soit au sein du Conseil d’administration, des comités de certification et du Secrétariat permanent ou chez les prestataires.

Cette rigueur et cette compétence ont été reconnues par l’organisme d’évaluation que constitue le COFRAC qui a accordé à l'AFCAB une accréditation d’organisme de certification de produits et services, indispensable pour opérer en France. Cette accréditation accordée pour la première fois en 1997 a depuis cette date été systématiquement renouvelée

Cette rigueur et cette compétence sont également reconnues par les clients de l’AFCAB, titulaires et utilisateurs de certifications. Pour souligner l’intérêt porté par de grands utilisateurs à notre égard, on peut mentionner le fait que les documents prescriptifs de base - fascicule 65 du cahier des clauses techniques générales applicable aux marchés publics de travaux de génie civil, livret 34 de la SNCF et CTG grosœuvre d’EDF - font référence à l’obligation de recourir à l’ensemble des certifications délivrées par l’AFCAB.


Question : «Estimez-vous que l’AFCAB a atteint sa maturité et répond aux besoins de la profession de l’armature et des utilisateurs des produits certifiés par l’AFCAB ?»

Réponse de Michel Ferran :

Je réponds par l’affirmative à cette question.

L’AFCAB a connu une phase de démarrage et a progressivement accru son périmètre et son volume d’activité en mettant en place successivement les procédures de certification relatives :

  • aux armatures industrielles du béton (AIB désormais dénommées armatures) en 1991,
  • aux aciers pour béton armé, fin 1992,
  • à la pose des armatures et aux boîtes d’attente, en 1994,
  • et aux dispositifs de raboutage et d’ancrage d’armatures du béton (DRAAB) en 1995.

Vingt-cinq ans après, ces référentiels sont toujours appliqués et ont fait l’objet de nombreuses révisions (de cinq à plus de dix) pour les améliorer et tenir compte des évolutions techniques.

Entre 1995 et 2008, l’AFCAB est passé de 69 certificats à près de 200.

L’AFCAB a connu ensuite une croissance régulière et compte à ce jour 330 certificats. L’effectif du secrétariat permanent est désormais de quatre salariés,dont trois dédiés aux activités techniques ; les années récentes ont vu progresser assez significativement les nombres de certificats pour les armatures et la pose de celles-ci.

Depuis son origine, l’AFCAB a toujours assuré son autofinancement grâce à son activité.


Réponse de Bernard Creton :

Je ne reviendrai pas sur les propos de Michel Ferran que je partage pleinement.

Je considère que l’AFCAB a effectivement atteint un état de maturité au milieu des années 2010. Cela a conduit l’association à faire un point sur le chemin parcouru et ce qui restait à faire pour encore mieux répondre aux besoins de la profession de l’armature et des utilisateurs plus généralement des produits certifiés par l’AFCAB.

Cette réflexion a amené le Conseil d’administration à décider d’une campagne ambitieuse de communication .

Avec l’agence Quai des Orfèvres, nous avons développé et mis en place une stratégie de communication. Son objectif principal est de permettre aux certifications de l’AFCAB d’être systématiquement intégrées dans les appels d’offres de constructions utilisant des armatures du béton afin de contribuer à l’amélioration de la sécurité et de la qualité des constructions d’aujourd’hui et de demain.

Pour affirmer notre position d’acteur incontournable vis-à-vis des parties prenantes de notre secteur, nous avons développé un discours soulignant la double dimension « technique » et « institutionnelle » de l’AFCAB. Cela s’est concrétisé par la refonte de notre site internet, la réalisation d’un film et d’une plaquette sur l’association ainsi que la création d’une newsletter.

Parallèlement, nous avons mené une démarche d’influence pour convaincre les acteurs publics et les acteurs du secteur que nos certifications jouent un rôle primordial pour la sécurité et la qualité des constructions utilisant des armatures du béton. Cette approche nous a permis de persuader de nombreux élus (sénateurs et députés) de soutenir notre démarche lors des discussions de projets de lois pouvant nous concerner.

Nous avons également entrepris une démarche de sensibilisation auprès d’organisations professionnelles pouvant être intéressées par les certifications délivrées par l’AFCAB (AQC, CAPEB, STRRES …) et auprès de l’administration française (DHUP).

Un autre exemple de l’atteinte de la maturité par l’association est la manière avec laquelle elle a su faire face et s’adapter aux contraintes générées par la pandémie mondiale de la COVID-19, tant sur le plan technique que sur le plan financier.


Question : «Même si cela est un exercice difficile, pourriez-vous citer chacun trois ou quatre personnes qui ont contribué à faire de l’AFCAB ce qu’elle est aujourd’hui ? »

Réponse de Bernard Creton :

En premier lieu, je voudrais rappeler l’action menée par mon prédécesseur à la présidence de l’AFCAB, Philippe Jacques, qui a assuré cette fonction de 1998 à 2003. Outre le fait qu’il était parmi ceux qui ont œuvré à la création de l’AFCAB, il a dirigé l’AFCAB lors de la période, si importante, d’expansion de son activité.

La deuxième personne que je citerai est Louis-Jean Hollebecq, Délégué Général de l’AFCAB de 1991 à 2010. Au cours de ces vingt années d’exercice, il a beaucoup œuvré pour faire connaître l’AFCAB en France mais également auprès de ses homologues européens au sein de l’association CONSCERT.

Enfin, je mentionnerai un duo d’administrateurs représentant la SNCF au sein du Conseil d’administration de l’AFCAB ; il s’agit de Marc Jerram et Richard Poquet. Marc et Richard se sont beaucoup investis pour imposer les certifications dans le livret 34 de la SNCF qui constitue la base pour les CCTP des chantiers de travaux gérés par la SNCF.


Réponse de Michel Ferran :

Pour ma part, je voudrais rendre hommage à Gérard Birelli d’EDF qui a été l’un des acteurs majeurs lors de la création de l’AFCAB. Il . a su convaincre sa direction de l’intérêt de créer un organisme de certification indépendant dans le secteur de l’armature du béton. Il a été le premier président d’un comité de certification, celui des AIB.

Un autre contributeur important pour l’AFCAB a été Jean Ditrichstein, qui a notamment participé à la rédaction du premier document de communication sur les armatures, dénommé T46, toujours très apprécié aujourd’hui. Il a par ailleurs ouvert la voie, avec Michel Dubus, des auditeurs indépendants sur lesquels l’AFCAB continue de se reposer pour un grand nombre d’audits.

D’une manière plus générale, chacun des membres du Conseil d’administration et de nos Comités de certifications a apporté sa pierre à l’édifice et a contribué à faire de l’AFCAB ce qu’elle est aujourd’hui.


Question : «Quels sont les défis qui, selon vous, seront à relever par l’AFCAB dans les prochaines années ? »

Réponse de Bernard Creton :

Sans aucun doute, la future norme européenne EN 10080, relative aux aciers pour béton armé, modifiera le paysage de la certification de ces produits en Europe. Son application conduira les producteurs mettant sur le marché de l’Union européenne des aciers pour béton armé à ne devoir disposer que d’un seul certificat de conformité, alors qu’aujourd’hui de nombreux systèmes de certification nationaux existent.

Il faut s’y préparer, d’une part, en suivant au plus près la rédaction de cette norme et s’attendre, d’autre part, à perdre des parts de marché pour la certification de ces produits ; justement, il faudra réfléchir à ce qui pourrait compenser les pertes financières correspondantes.

De telles compensations pourraient être trouvées dans le développement des activités de certification connexes (notamment armatures et pose) ; par ailleurs, il faut réussir à prendre le virage de l’évaluation des performances environnementales des aciers pour béton armé et des armatures qui seront demandées de plus en plus de manière à déterminer les performances environnementales des constructions.


Réponse de Michel Ferran :

En ma qualité de Trésorier, je soulignerais qu’un des défis auxquels l’AFCAB aura à faire face,est de maintenir une activité suffisante pour continuer d’assurer son financement. Il conviendra probablement d’adapter la structure à la charge de travail et d’être très réactif dans un sens comme dans l’autre. Pour continuer d’assurer une satisfaction optimale de ses clients, l’AFCAB devra veiller à maintenir la capacité suffisante pour la réalisation des audits et des essais, en particulier si de nouvelles caractéristiques, par exemple environnementales, doivent être évaluées.


Question : «Quels messages ou recommandations souhaitez-vous laisser à vos successeurs pour assurer la pérennité de l’AFCAB ? »

Réponse de Michel Ferran :

Il me paraît essentiel de conserver, dans le futur, une gestion en bon père de famille qui a été une caractéristique forte de l’AFCAB, tout au long de ces années. En outre, il faut absolument continuer de s’appuyer sur la force que constitue la collégialité de l’AFCAB comme je le soulignais au début de cet interview.


Réponse de Bernard Creton :

Les dix années qui viennent devraient apporter plus de changements qu’au cours des trente dernières années, notamment en termes de modification de la structure du marché, des performances des produits à évaluer ou encore de concurrence entre organismes européens homologues.

Il conviendra donc, à mon sens, de montrer plus de flexibilité qu’auparavant et peut-être travailler à des rapprochements avec des confrères étrangers ou avec des organismes français pour constituer des entités plus fortes.

L’étude des possibilités d’extension du périmètre d’activité pourrait également constituer une piste de croissance ou de compensation des pertes de certaines parts de marché.

En tout état de cause, il faudra savoir garder les valeurs qui ont fait la force de l’AFCAB, à savoir compétence, impartialité et indépendance, sans oublier bien entendu la si importante collégialité, rappelée par Michel Ferran, auquel je voudrais rendre un hommage tout particulier pour tout ce qu’il a apporté à l’AFCAB dont elle lui est très reconnaissante.