Eric Caniac, directeur technique et responsable qualité de l’AFCAB
L’AFCAB a choisi de consacrer la première table ronde de ses « Rencontres de l’AFCAB » à la fiabilité. Pourquoi ?
La fiabilité, c’est l’objectif premier des certifications que l’AFCAB développe depuis sa création en 1990. Nous avons à ce jour cinq procédures de certification de produits et services dans le domaine de l’armature des constructions en béton armé. Nos référentiels de certification, dont trois d’entre eux (aciers pour béton armé, armatures, dispositifs de raboutage et d’ancrage) sont basés sur des normes françaises, européennes ou internationales, permettent notamment de répondre aux exigences des Eurocodes. En outre, les certifications de l’AFCAB sont reconnues et reprises dans les exigences spécifiques développées par EDF et la SNCF, membres fondateurs de notre association, et sont utilisées par l’ensemble de leurs partenaires.
Quel état des lieux dressez-vous ?
Nos certifications sont globalement imposées dans le génie civil, surtout pour les ouvrages publics via le Fascicule 65 du CCTG, maisn ous œuvrons avec les donneurs d’ordres pour un meilleur respect des conditions prescrites dans les CCTP afin que leurs sous-traitants armaturiers et poseurs soient bien certifiés. Nous aimerions aussi que leur prise en compte devienne systématique dans les appels d’offres de toutes les constructions en béton. Dans le génie civil mais aussi dans le bâtiment, qui aujourd’hui n’impose malheureusement pas nos certifications. Et ce alors que le risque est aussi voire plus élevé pour une école, une piscine ou encore un stade ou une médiathèque que pour un pont sur lequel ne passeront peut-être que dix voitures à la fois. C’est pour cette raison que nous proposons d’étendre le champ d’application du Fascicule 65 du CCTG aux bâtiments publics et privés recevant du public ou de taille exceptionnelle dont on en construit de plus en plus dans nos territoires. Et dans lesquels nous passons plus de temps que sur un pont, dans un tunnel ou d’autres infrastructures.
Pourriez-vous détailler ce point ?
Le Fascicule 65 du cahier des clauses techniques générales applicables aux marchés publics de travaux de génie civil fixe les règles d’exécution des ouvrages de génie civil en béton. Dans sa dernière version, datant de décembre 2017, il est stipulé, je cite : « le maître d’ouvrage peut faire le choix de l’appliquer à de grandes structures (stades, salles de spectacle…) s’apparentant par leur complexité à des ouvrages de génie civil ». Le focus des pouvoirs publics est actuellement sur la construction bas-carbone, ce qui est très bien, mais il ne faut pas oublier que le bâtiment le plus durable est celui qui est fiable et reste debout et en bon état longtemps. Les constructions respectant le Fascicule 65 doivent être prévues pour une durée d’utilisation de cent ans. Cette règle pourrait être transposée aux bâtiments de taille exceptionnelle en fixant une durée d'utilisation de 50 ans, par exemple.